Le récit du Paris-Brest
Par Christian 
Fasciné par les récits et reportages sur cette randonnée mythique qu'est le Paris Brest, Dominique et moi, décidons quatre ans avant l'édition de 1999 de nous lancer dans l'aventure.
Dominique, bien qu'ayant délaissé quelque peu le vélo, a déjà à son actif, la traversée des Pays-Bas et de la Belgique en cyclo-campeur solitaire (et cela avec un départ de Brest!)
Quand à moi, j'ai découvert le cyclotourisme grâce à lui en 1987. Puis après une interruption de plusieurs année, j'ai repris cette activité, plus en tant que cyclosportif. 

Nous avons donc choisis de nous inscrire dans le club de Plouvien, commune où je venais de m'installer, pour nous entraîner le plus fréquemment possible. ( Rien de tel qu'un club pour vous motiver à sortir). 

Le départ approche ... la tension monte.
Dominique avant le grand périple L'entraînement sérieux commence un an avant le départ, sorties plus fréquentes et surtout plus longues! 
Le mois de février nous bouclons nos 150 km par sortie!
Les brevets peuvent dès lors commencer.
Le 21 mars, Départ de Villaines la Juhel pour le 200 Km.
Une partie du parcours, commun au PBP, nous renseigne sur les difficultés futures du mois d'août. 
Le vent, le froid et la pluie, en plus d'un départ précipité nous mettent vite dans le bain!
Milizac, 6 heures du matin, la pluie est à nouveau présente pour le 300 km du mois d'avril, mais le vent, lui, nous est favorable!
Le virage à Guingamp laisse place au soleil et éole vire pour nous pousser vers l'arrivée. Seulement à 85 km du but, Dominique sent une tendinite se manifester à l'un de ses genoux; est-ce le froid du départ ou le manque d'hydratation!
Le courageux finira quand même, malgré la douleur et le doute.
La vérité du PBP se révèle au soir du 400 km du 15 mai.
Départ à 19 heures de Quimper, nous devons rouler toute la nuit et toute la journée sans dormir! Dominique se demande si sa jambe ne le fera pas souffrir...
Il terminera très fringant, et moi épuisé par le manque de sommeil.
Voilà il ne reste plus que le 600 km!
Brest, le 12 juin 6 heures. Dès le départ nous formerons avec plusieurs cyclos une bonne équipe qui restera soudée jusqu'au retour le lendemain soir. Le circuit très vallonné emprunte beaucoup de route du PBP. Le repos de quelques heures à Redon, ainsi que l'ambiance du groupe nous fait oublier que nous pédalons depuis plus d'une journée.
Le dernier tampon sur la carte de route, nous sommes fin prêt pour le grand départ!
La période du mois de juillet et août permet de se refaire une santé, tout en n'en oubliant pas de rouler.
Eh, oui ! ça n'arrive pas qu'aux autres!
Aux environ de Fougères (auteur du cliché : le frère de Dominique, qui durant quelques km nous accompagne) La veille du départ, passage au contrôle des vélos et équipements: vérification du double éclairage avant et arrière, des ampoules de rechange, du baudrier ou chasuble, et remise de la plaque de cadre, de la carte de route (à tamponner à chaque contrôle) et du badge magnétique (permettant de suivre notre cheminement sur Minitel.

Le 23 août 1999, à 22h30, après une heure d'attente sur le stade du gymnase des droits de l'homme de St Quentin en Yvelines, nous nous envolons au sein des quelques 3500 participants.
La banlieue parisienne défile rapidement, nous sommes littéralement portés par le publique venu nombreux nous encourager.
La nuit passe sans encombre. Les plaines de la Beauce, sans aucun talus, nous permettent de voir, tant derrière que devant, l'immense ruban de lumière des cyclos pédalants.
Premier pointage à Montagne au Perche à 5 heures, Que de monde! Nous perdons notre temps à essayer de nous acheter un sandwich, en vain.

Au petit jour, la horde d'affamés cyclistes, s'engouffre dans café et boulangerie, faisant perdre la tête aux commerçants.
La chaleur est au rendez-vous de cette première journée. Aux alentours de Gorron, le frère de Dominique nous rejoint pour pédaler avec nous. Sa bonne humeur nous ravive. Vers 13 heures, au repas à fougères, Dominique est pris de malaises! Le repas et une bonne hydratation le remettent d'aplomb. Nous laissons son frère et continuons notre route ...Tinténiac... Loudéac n'en fini pas de pouvoir s'apercevoir. Notre tableau de marche en prend un coup, mon moral aussi; plus de trois heures de retard!
Au pointage nous apprenons que les premiers on déjà pointés pour le retour vers Paris!!!
Nous sommes fatigués et rejoignons notre tente sur le terrain de camping communal. Malgré ça nous devons changer de piles à nos lampes, préparer notre repas et nous doucher.
Nous nous endormons qu'à 1 heure!
4 heures, le réveil nous rappelle à l'ordre! Dominique peste cotre cette nuit trop courte!
Bon Dieu, qu'il monte vite pourtant les premières côtes s'offrant sous nos pédales (de vrai montagnes russes). 
Fatigué et hagard...
Le retour : Carhaix 19 heures Au petit matin , nous croisons déjà de nombreux cyclos(sportif) qui sont sur la route du retour. Nous en apercevons aussi, endormis dans le fossé, toutes lumières allumées! d'autres sur des marches (quel confort!). En espérant qu'ils se réveillent avant les délais éliminatoires, nous les laissons à leur sommeil réparateur.
Le Finistère apparaît, et nous sommes fières et heureux de retrouver les routes que nous connaissons bien. 
La seule averse du voyage sera celle d'Huelgoat (qui a dit qu'il pleuvait toujours en Bretagne? euh... moi!)
Au virage de Brest, Anne ma femme et Louison, mon fils nous retrouvent pour manger et nous remonter le moral. Au pointage Jo Corre (alors président du club) nous félicite et nous encourage. Nous savons maintenant que sauf accident nous le finirons ce PBP que se soit ou pas dans l'horaire du brevet. 
Montée du Roch Trédudon, ma lampe sur la fourche se prend dans les rayons, Damien un copain de club venu voir le défilé des cyclistes, se précipite pour réparer. Merci.
Le moral au beau fixe, nous roulons allègrement vers carhaix, ou la famille de dominique nous attend. Tout le monde s'interroge sur la difficulté de l'épreuve et sur notre état tant physique que moral. Nous les rassurons, et reprenons la route.
Loudéac sera rallier vers 23 heures! Et toujours le même "enfer" du soir ;piles, douche repas ... (surtout le repas n'est-ce pas Dominique? la soupe tant attendue... renversée!).
Départ à 4 heures, environ 450 km pour rallier la capitale. 
La famille de Dominique nous accueille et nous encourage!
A chacun son chemin de croix ! Toujours autant de vélos devant et derrière, sur le bord de la route de nombreux points de ravitaillement, improvisés par des bénévoles et supporters.
Tinténiac, petit problème à la roue avant sur la bicyclette de Dominique, qui (comme à son habitude) attendra d'être à Fougères pour réparer. Nous déjeunons à côté d'un Allemand et d'un Norvégien, qui n'en reviennent pas de la multitude de côtes qu'il y a en France. Eux qui croyaient trouver un plat pays!
Toute la journée nous nous arrêtons pour grignoter et boire.
19 heures, Villaines la Juhel. le dîner est prit avec Fabrice, du club de Brest, avec qui nous avons fait le brevet de 600 km. Nous racontons tour à tour notre aventure parallèle.
En sortant du village crevaison! La première (se sera la seule de tout le PBP, brevet compris!).
Quelques kilomètres plus loin, dans une belle descente ma lampe avant se desserre et tombe dans mes rayons.
Rien de grave, mais la fatigue aidant, on s'énerve tout de même.
La dernière nuit arrive, et nous décidons de faire un somme à Mortagne au Perche. Mais avant, notre appétit nous dicte d'aller dans un bar bondé de cyclistes affamés beaucoup d'étranger, notamment de sympathique Australiens toujours très relaxes et détendus.
Dur de trouver un endroit pour dormir un brin, tous les matelas du dortoir sont pris! Nous nous allongeons à même le sol dans le réfectoire où des dizaines acolytes gisent déjà, dans un odeur pestilentielle . Une personne nous a promis de nous réveiller, elle ne viendra pas.
Dominique n'arrivant pas à dormir, me secoue au bout d'une heure pour que nous reprenions la route.
Mon dieu! que j'ai mal à la tête et à l'estomac!
Complètement détraqué le bonhomme!

L'un des nombreux ravitaillements gratuits de supporters .
Plus que 300 à 350 Km . L'air frais de la nuit me fait du bien. Le bord de  route, n'est plus qu'abri pour randonneurs épuisés, certains dorment toujours posés sur leur machine!
De brefs instants de vide, paupières fermées, qu'il est dur de ne pas s'endormir sur le vélo. Heureusement chacun à tour de rôle se charge de sortir l'autre de sa langueur.
L'absence de talus et le clair de lune sur la beauce, nous défatiguent en nous permettant de regarder loin autour de nous. Le terrain plat nous permet d'accélérer l'allure.
Nogent le Roi ,dernier contrôle avant l'arrivée, ou l'on nous informe qu'une heure de délai supplémentaire nous est attribué, en raison des quelques déviations subits.
Plus que 60 km! (sur le papier).Nous roulons de plus en plus vite pour rallier l'arrivée (mon compteur dépasse parfois les 40 km/h) La vallée de la chevreuse, très casse patte, est engloutie rapidement. Mais l'euphorie retombe, quand on s'aperçoit que l'on nous fait traverser toute la banlieue parisienne dans tout les sens, sans jamais voir âme qui vive, si ce n'est que quelques fou du volant!
Saint Quentin en Yvelines enfin! 1272 Km 
1er Paris Brest Paris accomplit... 
Le moral est bon, on prend le temps se décontracter.
Première nuit !
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